Dès le dix-septième siècle apparaissent les lanternes
magiques qui sont les premiers appareils de projection. Une source lumineuse (souvent
une bougie) traverse une plaque en verre peinte puis une lentille convergente
avant de projeter sur un support. Plus tard, des lanternes magiques à double
objectif permettront de donner naissance au premier fondu enchainé. Certaines
plaques de verre pourront être dotées de petits mécanismes permettant d’animer
partiellement l’image.
En 1824, un physicien londonien du nom de John Arton Paris commercialise un jouet optique qu’il baptise le Thaumatrope. Il s’agit
d’un disque maintenu par une ficelle, sur lequel on peut observer une cage sur
une face et un oiseau sur l'autre. Lorsque l'on fait tourner le disque
suffisamment vite, on a alors l'illusion que l'oiseau est dans la cage.
Quelques années plus tard, en 1832, Joseph Plateau,
physicien belge, invente le Phénakistiscope. Ce jouet est composé d’un disque
percé de dix à douze fentes sur lequel un mouvement est décomposé en une séquence
d’images fixes. Pour percevoir le mouvement, le spectateur se met face à un
miroir, fait tourner le disque et observer les images depuis les fentes du
disque du côté opposé au dessin.
1834 voit la naissance et la commercialisation du
Zootrope. Le principe d’observation d’une séquence d’images à travers des
fentes est similaire au Phénakistiscope. L’objet est composé d’un tambour percé
de dix à douze fentes à l’intérieur duquel on dispose une bande de dessins
décomposant un mouvement cyclique. L’avantage du Zootrope sur le
Phénakistiscope est que plusieurs
personnes peuvent simultanément voir l’animation.
Tous ces appareils fonctionnent sur le même principe,
celui de la persistance rétinienne qui donne au cerveau l’impression d’une
continuité fluide. Nous avons là le principe de l’image animée du cinéma.
En 1876 Emile Reynaud invente le praxinoscope comportant
un tambour central sur lequel sont disposés 12 miroirs (la cage de glaces) qui
tournent en même temps que la bande de dessins. Son invention lui vaudra une
mention honorable à l’exposition universelle de Paris de 1878.
Grâce à ce succès, Emile Reynaud poursuivra ses
recherches et inventera par la suite le praxinoscope-théâtre consistant à
animer des images dans un décor fixe mais surtout le praxinoscope à projection
qui permet de projeter des images animées sur un décor fixe. Cette idée de
projection sera reprise quelques années plus tard par les frères Lumière.
Il faudra attendre 1891 et la première présentation
publique du Kinetoscope de Thomas Edison pour pouvoir visualiser une œuvre
photographique donnant l’illusion du mouvement et dont la durée est bien
supérieure aux mouvements proposés par les jouets optiques. Le Kinetoscope est
inséparable d’un autre appareil, le Kinétographe, la machine qui enregistre les
œuvres sur une pellicule. Il s’agit en fait de la première caméra.
Le cinéma est presque né ! Mais ce n'est pas encore tout à fait du cinéma car le Kinétoscope est
une machine « individuelle » où une seule personne peut visionner
l’animation.
En 1892, un inventeur français du nom de Léon Bouly dépose
le brevet d'un appareil « réversible de photographie et d'optique pour
l'analyse et la synthèse des mouvements », dit le “Cynématographe Léon Bouly”. L’année
suivante il corrige le nom de son invention qui devient le « Cinématographe ».
Il construit deux exemplaires de ces appareils mais rien n’indique qu’ils aient
un jour réellement fonctionné. En 1894, Léon Bouly n’ayant pas payé la
redevance sur ses brevets, le nom « cinématographe » redevient libre
de droit. C’est pourquoi en 1895, les frères Lumière déposent leur invention
sous ce nom. En ajoutant la projection sur écran à l’invention de Thomas
Edison, le succès va rapidement être au rendez-vous.
La première projection publique a lieu le 28 décembre
1895 au salon indien du Grand Café à Paris devant 33 spectateurs.
Le cinéma est né !