jeudi 24 mars 2022

Savoir parler au XIX° siècle

Madame, vous avez revêtu votre plus belle robe à faux cul, posé un magnifique bibi sur votre tête et pris votre ombrelle préférée ?

Monsieur, vous voilà vêtu d’une resplendissante chemise ornée d’un nœud d’Ascot et d’un gilet du plus bel effet, et votre chef est orné d’un élégant chapeau haut-de-forme ?

Tout en vous respire la bourgeoisie du XIX° siècle si chère aux vaporistes… à part peut-être un détail que vous avez négligé. Je veux parler de votre langage. Impossible d’être crédible en gentleman du XIX° avec un langage du XX°, qui plus est si celui-ci est « fleuri ».
Loin de nous l’idée de vous apprendre la manière dont parlaient nos lointains ancêtres de cette fin de XIX° siècle, mais nous vous proposons ci-dessous quelques réflexions à ajouter à votre vocabulaire, des phrases qui devraient vous permettre d’être plus crédible en dandy victorien. Pour le moins, au quotidien, ces réflexions vous feront vous distinguer de votre entourage.

Ne dites pas « Dégage de ma vue » mais plutôt « Veuillez passer votre chemin ».
Ne dites pas « J’m’en fous » mais plutôt « Je suis au regret de vous dire que je n'en ai cure ».
Ne dites pas « Toi, j’vais te buter » mais plutôt « L’idée de vous occire vient de me traverser l’esprit ».
Ne dites pas « Ta gueule » mais plutôt « Auriez-vous l’obligeance de bien vouloir vous taire ».
Ne dites pas « J’en ai ras-le-bol » mais plutôt « La coupe est pleine ».
Ne dites pas « Casse-toi » mais plutôt « Je vous ai assez vu ».
Ne dites pas « T’es con ou quoi » mais plutôt « Jouissez-vous de toutes vos facultés intellectuelles ? ».
Ne dites pas « Y’en marre » mais plutôt « Je suis las ».
Ne dites pas « Compte-là-dessus » mais plutôt « Mon cher ami, vous vous bercez de douces illusions ».
Ne dites pas « Crève ! » mais plutôt « Sans vous le monde serait encore vivable ».
Ne dites pas « Tu me gonfles » mais plutôt « Mon agacement est de votre fait » ou bien encore « Vous m’indisposez ».
Ne dites pas « File-moi ton blé » mais plutôt « Oserais-je, derechef, solliciter votre générosité ? ».
Ne dites pas « Excuse ! » mais plutôt « Soyez aimable d’accepter mes plus humbles excuses ».
Ne dites pas « J’ai merdé sur ce coup-là » mais plutôt « Je crains de m’être fourvoyé dans cette affaire ».
Ne dites pas « Tout ce blabla c’est des conneries » mais plutôt « Cet engagement me semble tenir de l’absurde ».
Ne dites pas « C’est un casse-couille » mais plutôt « Que voici un magnifique spécimen d’orchidoclaste ».
Ne dites pas « C’est une vraie tête de nœud » mais plutôt « Nous sommes en présence d’un nodocéphale de la plus belle espèce ».

Avec ce petit bagage linguistique vous êtes désormais prêt à intégrer la haute bourgeoisie victorienne ! 

jeudi 17 mars 2022

La photographie post-mortem

La photographie post-mortem ou photographie funéraire se développe dans la seconde moitié du XIX° siècle assez rapidement après l’invention de la photographie en 1839.
Jusqu’alors, le seul moyen de garder l’image d’une personne décédée était de commander une peinture. C’était long et coûteux, donc réservé à une élite de la société. L’invention du daguerréotype offre à l’entourage du défunt la possibilité de conserver rapidement un souvenir du disparu et ce, à moindre coût. C’est d’ailleurs souvent la seule photographie de la personne décédée.
Mise en scène
Des photographes vont alors se spécialiser dans cette pratique. Le défunt est le plus souvent photographié assis voire debout pour donner l’illusion d’un cliché pris de son vivant ou bien il est représenté dans son sommeil. La photographie du défunt dans son cercueil apparaîtra plus tard. Les photographes ont alors recours à divers accessoires afin de donner une posture crédible au disparu : trépieds, repose-tête ou repose mains qu’ils vont dissimuler au mieux sous un drapé ou derrière un meuble. Il n’est pas rare qu’une partie de ces accessoires soit visible sur une photo, dénotant une photo post-mortem.
Accessoire permettant la position debout
Un long travail est fait sur le regard comme la couture des paupières afin que celles-ci restent bien ouvertes. Très vite, les photographes spécialisés vont mettre le défunt en scène au milieu de sa famille, bien vivante quant à elle !
Les parents posent avec leur fille décédée. Notez que le défunt est le seul à être net sur la photo
Durant l’ère victorienne, la mortalité infantile est importante et de nombreux parents se font photographier avec, dans leur bras, leur enfant décédé.

Pour reconnaître sur un cliché familial post-mortem quel est le défunt, il suffit de regarder la personne la plus nette ! En effet, à l’époque, la durée de la prise de vue est de plusieurs minutes et les vivants vont avoir tendance à légèrement bouger et donc à être légèrement flous.

Cette pratique de la photo post-mortem va progressivement disparaître avec la démocratisation de la photographie pour le grand public. Il est désormais possible de photographier ses proches de leur vivant et donc la photographie funéraire n’a plus d'utilité.

jeudi 10 mars 2022

Elle a connu la Reine Victoria… et est toujours en vie !

Jonathan est la plus vieille tortue des Seychelles et s’apprête à fêter ses… 190 ans ! Elle serait née en 1832 et vit depuis 1880 sur l’ile de Sainte-Hélène dans l’Atlantique sud.

Son âge a été estimé depuis la découverte d’une photo datant de 1882 sur laquelle elle possède une taille adulte estimée à environ 50 ans.
Elle est donc contemporaine du premier cliché photographique, de la première communication téléphonique, de l’arrivée de l’électricité, etc.

C’est une icône locale, un symbole de persistance et d’endurance puisque pendant que les guerres, les famines, les épidémies, les souverains se sont succédés, que des nations sont nées et ont disparu, Jonathan a vécu sa vie, tranquillement, totalement inconscient du passage du temps.

jeudi 3 mars 2022

Retour d’expédition : l’exposition

Nombreux ont été les visiteurs en crinoline et haut de forme à rendre une visite à l’exposition « Retour d’expédition » qui était installée dans l’enceinte de la « World Exhibition Nautilus » du festival Yggdrasil.
Cette exposition a permis aux visiteurs de découvrir de nombreux spécimens recueillis dans de lointaines contrées sauvages et encore inexplorées tels que l’unique exemplaire connu à ce jour de Crocobelulle ou bien un authentique crâne de Jackalope découvert par l’intrépide Gildas Blueford. La chauve-souris fraîchement rapportée des Carpathes a aussi fait forte impression.
Mais au-delà de ces spécimens exposés pour la première fois aux yeux ébahis du public, ce dernier a pu découvrir, au travers de l’exposition du matériel scientifique de nos explorateurs, le quotidien d’une expédition scientifique.
Les visiteurs ont ainsi pu interroger Gildas Blueford sur le fonctionnement de son « Echantillonneur à amplification stimulée par injection de gaz chauds » (marque déposée) ou sur l’utilisation du nécessaire de protection contre les vampires ou de Gildas Blueford.
En souvenir de cette visite, les visiteurs n’oublièrent pas de repartir avec un exemplaire de l’édition spéciale du Gramophone Beuglant.
Un instant d’enchantement peut-être créateur de vocations d’aventuriers pour les plus jeunes visiteurs !