dimanche 26 janvier 2020

Si

Si, (If dans la langue de Shakespeare) est un poème de Rudyard Kipling écrit en 1895 (à lire ici). Il s’agit d’une évocation des vertus britanniques de l’ère victorienne. Ce poème, devenu célèbre, a fait l’objet de plusieurs traductions françaises dont une magnifique d’André Maurois publiée en 1918 (à lire ici).

Très modestement, le Gramophone Beuglant vous en propose une libre adaptation Steampunk.

Si d’une paire de googles tu habilles ton chapeau
Et que tu tiens en main une canne à pommeau
Si tu peux supporter d’être vêtu de guêtres
Et d’un gibus et gilet trouver ton bien-être

Si ta douce se sent femme en robe Victorienne
Et te veux en tenue accordée à la sienne
Pour mettre en valeur ses dentelles et son corset
Tu vêts la redingote et la montre à gousset

Si tu peux rester digne et ne pas rétorquer
Lorsque ton costume est par d’autres critiqué
Si tu croises tête haute tous les regards moqueurs
Lorsque tu te déplaces dans un train à vapeur

Si tu parcours le monde tout comme au XIXème
Tu t’élèves dans les airs à bord d’une Montgolfière
Tu vas de par les routes dans une calèche ancienne
Tu plonges en eaux profondes dans ton bathysphère

Si l’œuvre de Jules Verne te met le cœur en liesse
Et que tu t’émerveilles des films de Melies
Si de tous tes voyages tu ramènes des objets
Pour remplir ton cabinet de curiosités

Si tu aimes orner tes objets quotidiens
De cuivre et de rivets, laiton et rouages
Si pour toi les machines fabriquées de tes mains
Ne trouvent grâce à tes yeux que par leurs engrenages

Si lorsqu’un différend t’oppose à ton ennemi
Tu ne peux supporter de lui ôter la vie
Tu préfères le défier dans un duel de thé
Bien plus chic à tes yeux qu’un combat à l’épée

Si pendant toute l’année en vue d’une convention
Tu peaufines ton costume, crées des accessoires
Tu portes à chaque détail la plus grande attention
Pour que les yeux des gens t’admirent jusqu’au soir

Si le monde moderne pour toi manque de charme
Et qu’en l’an 1900 tu veux faire tes armes
Chaque année à l’automne rends-toi à Fond de Gras
Tu seras entouré d’autres fous comme toi

Alors, ami, tu es un parfait Vaporiste !

dimanche 19 janvier 2020

L'histoire des dirigeables

Le dirigeable est un élément très présent voire emblématique de l’imaginaire Steampunk, comme peuvent l’être les goggles ou le chapeau haut-de-forme.

Cette symbolique tient peut-être au fait que l’histoire des dirigeables a connu son apogée au début du XX° siècle sous l’impulsion d’un comte allemand, M. Ferdinand Von Zeppelin.

Mais l’histoire des dirigeables est à l’origine une histoire française puisqu’elle débute en France à la suite du premier vol d’un ballon à air chaud par les frères Montgolfier en 1783. L’année suivante, Jean-Baptiste Marie Meusnier de La Place, général et ingénieur français, cherche à contrôler le vol d’un ballon. Il présente devant l’Académie des Sciences son mémoire sur l’équilibre des machines aérostatiques. Il vient d’inventer le premier ballon dirigeable pilotable composé d’une enveloppe allongée, de moteurs à hélices et d’un gouvernail. Ce projet, le premier à envisager la forme oblongue caractéristique des dirigeables, restera à l’état de plan car à l’époque, il n’existe aucun moteur capable de le propulser.
Les plans du dirigeable imaginé par Jean-Baptiste Meusnier
Il faudra attendre un peu moins d’un siècle pour qu’en 1852, Henri Giffard, un ingénieur français, invente et surtout construise le premier dirigeable de l’histoire. Il est rempli de 25.000 m3 d’hydrogène (gaz plus plus léger que l’air) et propulsé par un moteur à vapeur de 3 chevaux lui permettant de parcourir 27 km à la vitesse de 9 km/h.
Le dirigeable "Giffard
Le 8 octobre 1883, le ballon dirigeable de Gaston et Albert Tissandier parti des ateliers aérostatiques d'Auteuil survole le bois de Boulogne à une altitude de 500 m et à une vitesse de 1 km/h ! Toutefois, le vent s'étant levé, le dirigeable dont le gouvernail était rudimentaire ne put contrôler correctement sa direction.

Le 9 août 1884, près d'un an après le dirigeable des frères Tissandier, le dirigeable La France s'élève dans les airs à Meudon. A son bord ont pris place le capitaine du génie Charles Renard et le capitaine d'infanterie Arthur Krebs travaillant ensemble depuis 6 années. A l’aide de leur engin, ils vont  parcourir 7,6 km en 23 minutes. C’est la première fois qu’un engin volant part, vole et revient à son point de départ.
Dirigeable La France en août 1884
Mais le créateur qui marquera de son nom l’histoire des dirigeables est sans conteste le comte allemand Ferdinand Von Zeppelin. Dans le langage courant ne parle-t-on pas d’un « Zeppelin » pour désigner tous les dirigeables ? La légende raconte que c'est en 1863, lors d'un voyage aux Etats-Unis, qu’il eut l'idée d'un ballon dirigeable. Il aurait, en effet, été très impressionné par un ballon captif utilisé pendant la guerre de sécession mais fut déçu par la limite qu'il représentait. Il avait aussi eu l’occasion de voir l’usage qu’en avaient les Français pendant le siège de Paris en 1870 durant la guerre franco-allemande.

Le brevet déposé en  1895 décrit les Zeppelin comme des aérostats à structure rigide en aluminium contenant plusieurs cellules de gaz (de l’hydrogène), possédant des ailerons pour la direction et l’altitude ainsi que plusieurs moteurs et un compartiment pour les voyageurs.
Mais le concept ne séduit pas les investisseurs et Ferdinand Von Zeppelin est obligé de construire le premier sur ses fonds propres en 1899 après avoir créé sa propre société. Le LZ1 (ces initiales signifient Luftschiff Zeppelin en allemand soit "dirigeable Zeppelin" en Français) vole pour la première fois le 2 juillet 1900.
Le premier Zeppelin
Grace au soutien de passionnés d’aéronautique, Von Zeppelin pourra construire le LZ2 puis le LZ3 dans ses ateliers situés dans un hangar flottant sur le lac de Constance. Mais le 5 août 1908 à Echterdingen (aux environs de Stuttgart), le dirigeable du comte Zeppelin, le LZ4, est arraché de ses ancres par l’orage et la nacelle heurte violemment le sol. Le moteur explose et le ballon prend feu. Cela stoppe momentanément le développement des Zeppelins.
L'accident du LZ4
Mais l’histoire des dirigeables est en marche et elle va atteindre sa maturité en ce début de XX° siècle. A cette époque, de nombreux inventeurs vont eux aussi se lancer dans cette folle aventure, notamment aux Etats-Unis, avec Thomas Scott Baldwin en 1905.

À Paris, dans les années 1900-1910, les pionniers Alberto Santos-Dumont et Adolphe Clément-Bayard s'illustrent quant à eux par leurs vols au-dessus de la ville.
Vol de Santos-Dumont au dessus de la tour Eiffel en 1901
En 1910 est créée en Allemagne la première compagnie commerciale de transport aérien régulier en Zeppelin : la société DELAG. A la même époque, le comte Zeppelin comprend l’intérêt militaire du dirigeable. Et malgré la vulnérabilité de l’engin, entre 1914 et 1918, l’armée allemande lui passera commande de près de 67 Zepellin dans un but d’observation mais aussi afin de bombarder Londres et Paris. La Première Guerre Mondiale sera un véritable incubateur d’idées et de technologie pour les dirigeables.

On entre alors dans l’âge d’or des dirigeables qui se terminera en 1937 par l’accident du Zepellin Hidenburg près de New York qui fera 35 morts. Mais cela est une autre histoire…

samedi 11 janvier 2020

L'expérience inattendue

Extrait des cahiers d'expériences de Gildas Blueford 

Sujet de l’expérience : l’inverseur à circulation parallèle

J’ai décidé de tester l’inverseur pour voir les effets des modifications que j’y ai apporté. Les soudures semblent toutes être fonctionnelles mais c’est la première fois que les cellules hyrdosensibles sont reliées au générateur. 

Aujourd’hui la cible est une bouteille d’alcool vide, fermée par un bouchon en liège.

Si tout se déroule comme prévu, l’appareil devrait inverser l’état de remplissage de la bouteille (pour obtenir une bouteille pleine). Il faudra ensuite effectuer de nouveaux tests pour déterminer si le liquide présent dans la bouteille est de la même nature que l’alcool qui la remplissait autrefois.

Précautions : une distance de sécurité de deux mètres cinquante doit être respectée au cas où le volume de liquide produit dépasserait la contenance de la bouteille. J’ai également planté un tire-bouchon dans le bouchon au cas où la bouteille devrait être ouverte en urgence.

Le générateur à impulsion est réglé à 154 volts et la cage de protection est abaissée.

Démarrage du test.

Résultat : après 7 secondes de mise en route, l’inverseur a émis un flash lumineux et s’est arrêté. Lors de l’inspection, il s’avère que la bouteille n’est pas remplie de liquide mais que le tire-bouchon s’est mystérieusement retrouvé à l’intérieur de celle-ci, rendant impossible toute récupération de l’ustensile sans casser la bouteille.

Ce résultat inattendu soulève de nombreuses questions : le sens de rotation du tire-bouchon a-t-il été inversé ? Le bouchon a-t-il lui aussi été retourné ? Un examen minutieux est requis avant de poursuivre les tests.


Fin du rapport