Madame, vous avez revêtu votre plus belle robe à faux cul, posé un magnifique bibi sur votre tête et pris votre ombrelle préférée ?
Monsieur, vous voilà vêtu d’une resplendissante chemise ornée d’un nœud d’Ascot et d’un gilet du plus bel effet, et votre chef est orné d’un élégant chapeau haut-de-forme ?
Tout en vous respire la bourgeoisie du XIX° siècle si chère aux vaporistes… à part peut-être un détail que vous avez négligé. Je veux parler de votre langage. Impossible d’être crédible en gentleman du XIX° avec un langage du XX°, qui plus est si celui-ci est « fleuri ».
Loin de nous l’idée de vous apprendre la manière dont parlaient nos lointains ancêtres de cette fin de XIX° siècle, mais nous vous proposons ci-dessous quelques réflexions à ajouter à votre vocabulaire, des phrases qui devraient vous permettre d’être plus crédible en dandy victorien. Pour le moins, au quotidien, ces réflexions vous feront vous distinguer de votre entourage.
Ne dites pas « Dégage de ma vue » mais plutôt « Veuillez passer votre chemin ».
Ne dites pas « J’m’en fous » mais plutôt « Je suis au regret de vous dire que je n'en ai cure ».
Ne dites pas « Toi, j’vais te buter » mais plutôt « L’idée de vous occire vient de me traverser l’esprit ».
Ne dites pas « Ta gueule » mais plutôt « Auriez-vous l’obligeance de bien vouloir vous taire ».
Ne dites pas « J’en ai ras-le-bol » mais plutôt « La coupe est pleine ».
Ne dites pas « Casse-toi » mais plutôt « Je vous ai assez vu ».
Ne dites pas « T’es con ou quoi » mais plutôt « Jouissez-vous de toutes vos facultés intellectuelles ? ».
Ne dites pas « Y’en marre » mais plutôt « Je suis las ».
Ne dites pas « Compte-là-dessus » mais plutôt « Mon cher ami, vous vous bercez de douces illusions ».
Ne dites pas « Crève ! » mais plutôt « Sans vous le monde serait encore vivable ».
Ne dites pas « Tu me gonfles » mais plutôt « Mon agacement est de votre fait » ou bien encore « Vous m’indisposez ».
Ne dites pas « File-moi ton blé » mais plutôt « Oserais-je, derechef, solliciter votre générosité ? ».
Ne dites pas « Excuse ! » mais plutôt « Soyez aimable d’accepter mes plus humbles excuses ».
Ne dites pas « J’ai merdé sur ce coup-là » mais plutôt « Je crains de m’être fourvoyé dans cette affaire ».
Ne dites pas « Tout ce blabla c’est des conneries » mais plutôt « Cet engagement me semble tenir de l’absurde ».
Ne dites pas « C’est un casse-couille » mais plutôt « Que voici un magnifique spécimen d’orchidoclaste ».
Ne dites pas « C’est une vraie tête de nœud » mais plutôt « Nous sommes en présence d’un nodocéphale de la plus belle espèce ».
Avec ce petit bagage linguistique vous êtes désormais prêt à intégrer la haute bourgeoisie victorienne !
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