mercredi 24 avril 2019

L’homogénéisateur

En perpétuelle quête d’amélioration de la vie quotidienne de son prochain, la dernière invention de Gildas Blueford ravira tous les vaporistes amateurs de thés et de duels de thé.

Merveille de mécanique subtile basée sur une récente invention que l’on nomme « la pince à linge »*, voici l’homogénéisateur ! Il offre à l’homme du monde soucieux d’assurer la dissolution complète et harmonieuse du soluté dans le solvant (traduction non scientifique : du sucre dans le breuvage) ou bien encore de la dissipation moléculaire homogène du lait dans son infusion – qu’elle fût de thé ou de tout autre végétal – LA solution moderne pour y parvenir.
Fixer l’homogénéisateur  sur le bord de la tasse puis d’une main souple mais néanmoins ferme, tourner la manivelle. Et là, miracle de la technique moderne, le mouvement du balancier en double liaison pivot par rapport à la pince à linge décrit alors un trajet rotatif au fond de la tasse.
* L’épingle à linge avec ressort, telle qu’utilisée par Gildas Blueford, apparait pour la première fois aux Etats-unis au milieu du XIX° siècle. Elle est l’œuvre d’un certain David M. Smith qui la brevète en 1853. Puis, en 1887, un inventeur du Vermont du nom de Solon E. Moore en améliore le design, la rendant ainsi plus solide.
De 1852 à 1887, l’Office des brevets américains publiera pas moins de 146 brevets distincts pour des épingles à linge !

mercredi 10 avril 2019

Le Maréorama

Lors de l’exposition universelle de Paris de 1900 une attraction va attirer une foule immense. Il s’agit du Maréorama dont le vaste édifice s’élève sur le champ de Mars au pied de la tour de Gustave Eiffel.
Le bâtiment abritant le Maréorama
Il s’agit de la première attraction « 4D » ayant existé. Pour le prix d’une course en fiacre, celle-ci reconstitue en une demi-heure une traversée maritime entre Villefranche et Constantinople. 700 passagers peuvent prendre place sur la reconstitution fidèle du pont d’un Steamer du début du siècle dernier avec une grande cheminée, la dunette, le gouvernail, etc. L’accès à la plateforme de 50 mètres de long sur 9 mètres de large s’effectue par un escalier sombre et étroit rappelant la coupée d’un navire. Un matelot vous aide ensuite à trouver votre place. Puis c’est le départ.

Deux immenses toiles de 750 mètres de long sur 15 mètres de haut fixées sur des câbles à l’aide de crochets vont alors défiler de chaque côté du pont du bateau donnant l’illusion du mouvement. Elles ont été réalisées par Hugo D’alesi un célèbre peintre d’affiches publicitaires. Chacune des deux toiles s’enroulent sur un mat vertical situé hors de la vue des passagers. Lors de la séance suivante la toile est déroulée pour la traversée retour de Constantinople vers Villefranche.
Illustration du principe du Maréorama
Le pont du bateau est posé sur un caisson reposant lui-même sur un immense réservoir d’eau. A chaque extrémité, deux vérins supportent le ponton. Des chaines fixées sur les quatre côtés vont être tirées par de puissant moteurs, tantôt dans un sens tantôt dans l’autre donnant l’illusion du roulis et du tangage du bateau.

De nombreux effets sont ajoutés pour accentuer la sensation d’être sur le pont d’un navire en pleine mer : diffusion de sons, jeu de lumières recréant le jour, la nuit et même les éclairs de l’orage. D’énormes ventilateurs projettent des bourrasques d’air à travers des couches de varech afin de donner aux voyageurs la sensation de la brise marine. Par moment, des acteurs font irruption sur le pont du bateau à la grande surprise du public !
Les vérins supportant le pont du bateau
Voici ce qu’en dit le Guide-Boussole : Exposition et Paris de 1900
« Les spectateurs sont placés sur le pont d’un steamer, animés des mouvements de roulis et de tangage autour duquel se déroulent d’immenses toiles d’un kilomètre de longueur  sur une hauteur de quinze mètres et dont le mouvement combiné avec ceux du navire crée l’illusion de la marche. La vue des manœuvres exécutées par l’équipage, des artifices d’éclairage, une ventilation imprégnée d’odeurs marines par son passage à travers une couche de varech rendent cette illusion parfaite. »

Les dernières attractions dites « 4D » que l’on trouve dans les parcs à thèmes actuels n’ont donc rien à envier au Maréorama de 1900 et s’en inspirent largement.

mercredi 3 avril 2019

Les Tours de la Fonderie

En cette année 1892, est publié à titre posthume le tome III des "Récréations mathématiques" du mathématicien français Edouard Lucas. Passionné de mathématique, Gildas Blueford est l'un des premiers à en faire l'acquisition et à découvrir, avec un grand intérêt, l'opuscule intitulé "La tour d'Hanoï, véritable casse-tête annamite. Jeu rapporté du Tonkin par le professeur N. Claus (de Siam), mandarin du collège Li-Sou-Stian".

En voici un extrait : "N. Claus de Siam a vu, dans ses voyages pour la publication des écrits de l'illustre Fer-Fer-Tam-Tam, dans le grand temple de Bénarès, au-dessous du dôme qui marque le centre du monde, trois aiguilles de diamant, plantées dans une dalle d'airain, hautes d'une coudée et grosses comme le corps d'une abeille. Sur une de ces aiguilles, Dieu enfila au commencement des siècles, 64 disques d'or pur, le plus large reposant sur l'airain, et les autres, de plus en plus étroits, superposés jusqu'au sommet. C'est la tour sacrée du Brahmâ. Nuit et jour, les prêtres se succèdent sur les marches de l'autel, occupés à transporter la tour de la première aiguille sur la troisième, sans s'écarter des règles fixes que nous venons d'indiquer, et qui ont été imposées par Brahma. Quand tout sera fini, la tour et les brahmes tomberont, et ce sera la fin des mondes !".

Les règles sont on ne peut plus simples. Les prêtres doivent déplacer la totalité des disques d'une tour de départ vers une tour d'arrivée en passant par une tour intermédiaire, tout en ne déplaçant qu'un disque à la fois et en ne plaçant un disque que sur un plus grand ou sur un emplacement vide.

L'arithmomètre de Thomas
Armé d'un bloc de papier, de nombreux crayons mais surtout de sa dernière acquisition, l'arithmomètre de Thomas, Gildas Bluefort calcule qu'avec 64 disques, la fin du monde n'arrivera pas avant 584 milliards d'années !


Il ne peut donc pas réaliser ce jeu de réflexion qu'aucun humain ne sera capable d'achever. Sur les conseils d'Edouard Lucas, il se résout donc à en fabriquer un avec "seulement" 7 disques.

Il file dans son atelier pour le réaliser mais s'aperçoit qu'il n'a pas assez de bois pour fabriquer les 7 disques. Qu'à cela ne tienne ! De nombreux rouages se trouvent sur l'établi et dans ses tiroirs. Il en trouve sept de tailles différentes. Son jeu de réflexion est né : il l’appellera Les Tours de la Fonderie en référence aux rouages qui le composent.

En voici les images.