jeudi 26 novembre 2020

L'uniformisation du temps

Aujourd’hui, lorsqu’il est midi à Paris, il est aussi midi à Marseille, Lyon, Bordeaux et Nantes, bref sur tout le territoire métropolitain.

Mais savez-vous que cette unité n’est pas si vieille que cela et qu’on la doit au développement du chemin de fer ?

Au XIX°, siècle avant l’avènement du chemin de fer, chaque grande ville possède sa propre heure. Celle-ci est définie par rapport au zénith solaire. Lorsque le soleil se trouve au zénith à Paris, il est midi dans la capitale, mais il est déjà midi et 19 minutes à Nice alors qu’il est seulement 11h 49 à Brest. Cela ne va pas sans poser de nombreux problèmes.
Lorsque vous prenez le train à midi à Paris pour vous rendre à Nantes, même si vous connaissez la durée du voyage (et que votre train ne rencontre pas une vache en travers de la voie !) vous ne savez pas exactement à quelle heure vous allez arriver à Nantes. Difficile de demander à un ami de venir vous attendre !

Sur les voies à ligne unique (et il y en a beaucoup à cette époque), il est de la plus haute importance de connaître avec exactitude l’heure de départ d’un train et son heure d’arrivée afin qu’un second ne s’engage pas sur la voie au risque de créer un grave accident.
C'est donc le développement du chemin de fer au cours du XIX° siècle qui va imposer la création d’une heure unique sur tout le territoire français.Il est en effet impossible de régler les horaires des trains sur les heures des villes desservies, chacune étant différente. Au milieu du XIX° siècle, il est donc décidé que les horaires des trains se caleront sur l'heure de Paris.

Cela aura comme effet original que, dans un premier temps, les horloges officielles telles que celles des hôtels de Ville de province indiqueront à la fois l'heure locale et l'heure de Paris à l'aide de deux aiguilles des minutes ! Il faudra attendre le 14 mars 1891 pour qu'une loi fixe de manière définitive l'heure légale en France et en Algérie comme étant celle de Paris.
Cette uniformisation de l'heure est l’une des conséquences de la révolution industrielle en marche dans toute l’Europe.

Une seconde loi parue le 9 mars 1911 adoptera l’heure du méridien de Greenwich (abrégée en GMT) ainsi que le découpage en 24 heures et non plus deux fois douze heures.

mercredi 18 novembre 2020

Les appareils photo-montre à gousset

Avec le développement de la photographie et la naissance des montres à gousset en 1882 (voir ici) apparaissent en cette fin de XIX° siècle et début de XX° les premiers appareils photos au format montre à gousset.

Le premier à apparaître sur le marché est le « Lancaster Watch Camera » en 1886 (soit 4 ans après la première montre à gousset). Il en existera un modèle masculin et un modèle féminin se différenciant par la taille de la montre et par celles des photos (1 pouce ¼ par 1 pouce pour la version féminine et 2 pouces par 1 pouce ½ pour la version masculine). C’est de loin le plus esthétique et le plus original qui déploie ses six tubes télescopiques faisant office de soufflet.
Malheureusement, ce sera aussi le plus difficile à utiliser obligeant l'utilisateur à défaire quatre loquets et à retirer le verre, puis à placer un nouveau support en métal pour chaque exposition. C’est vraisemblablement pour cette raison qu’il ne s’en vendra que très peu, et qu’aujourd'hui, seuls quatre d'entre eux existent encore.
En 1893, c’est au tour de la société Magic Introduction Company de commercialiser son appareil photo-montre à gousset baptisé Photoret Watch. Beaucoup plus simple à utiliser que le Lancaster Watch Camera, il coûte 2,50 $ et peut prendre six photos avant d’être rechargé.
Au début du XX° siècle apparaîtra sur le marché américain l’appareil photo-montre à gousset « Expo » conçu par l'ingénieur suédois Magnus Neill. La tige de remontage de la montre est en fait l’objectif et le bouton rond sur le côté le déclencheur. Un viseur peut être clipsé sur le côté. Une cartouche de film Expo fournit vingt-cinq expositions de 5/8 x 7/8 pouces. Il s’en vendra près de 10 000 exemplaires.
En 1906, ce même appareil sera produit en Angleterre sous le nom Ticka par la société londonienne Hougthon. Les premières versions ne comporteront qu’un appareil photo tandis que les suivantes arboreront un faux cadran d’horloge dont les aiguilles peintes sur 10h07 indiquent l’angle de vue de l’appareil sans avoir à mettre son œil contre le viseur et accentueront la discrétion de la prise de vue.

Un cabochon métallique sert de protection et d'obturateur pour l'objectif lors de pose temporelle et vient aussi renforcer l'aspect de montre à gousset.

De là à imaginer un espion steampunk il n'y a qu'un pas...

jeudi 12 novembre 2020

La boîte secrète

Il n’est pas d’alchimiste qui ne possède ses petits secrets et le désormais célèbre Gildas Blueford ne fait pas exception à la règle.

Recette de potion, pierre précieuse, carte au trésor ou autre clé secrète, autant de biens qu’il convient de protéger de la vue des personnes non autorisées. Pour cela, Gildas Blueford a entièrement fabriqué un coffre portatif dont il ne se sépare jamais. Et plutôt qu’une serrure que tout malandrin habile pourrait forcer ou bien un code qu’avec du temps on arrive à déchiffrer, il a imaginé une série d’énigmes intimement liées, qui, une fois résolues, permettent d’ouvrir le coffre.

"Quitte à se faire voler, autant que ce soit par un esprit malin et inventif, un peu à mon image !" se serait-il dit !

Et considérant le fait que si vous lisez cette page, vous n’êtes pas n’importe qui, Gildas Blueford va vous révéler les secrets de son coffre !

Commencez par renverser la boîte et dévisser le pied marqué d'une croix qui se trouve être en fait un tournevis.
Ce tournevis libère un tiroir et va vous permettre de dévisser les quatre petites vis situées sur la partie inférieure du coffre.
Cela vous offre un petit espace à l'intérieur duquel vous trouverez deux clés. Mais qu'en faire ?
Il vous faudra alors en démonter une des deux.
Puis assembler la tige de cette première clé à la seconde afin d'en obtenir une plus grande.
En insérant cette longue clé dans le trou situé sur la partie inférieure du coffre, vous libérerez un tiroir sur la face opposée.
Ce tiroir contient une clé attachée à un cadenas à combinaisons.
Avec un peu de temps ou d'astuce, vous arriverez à séparer les deux (il n'y a que 1000 combinaisons possibles !).
La clé ainsi libérée vous permettra enfin d'ouvrir la serrure situé sur le dessus du coffre.
En ouvrant le coffre, vous serez confronté à votre dernière énigme sous la forme d'un magnifique cryptex dont la résolution vous donnera enfin accès aux trésors de Gildas Blueford !
Et pour nos lecteurs qui n'auraient pas tout saisi, l'ouverture du coffre en images animées !


vendredi 6 novembre 2020

L'homme électrique

En 1895 les habitants de Tonawanda (USA) découvrent pour la première fois "l'homme électrique".

Bien que d'une hauteur impressionnante de plus de 7 pieds de haut (soit plus de deux mètres), l'automate est extrêmement réaliste. Son visage est en bois, le corps en aluminium (choisi pour sa légèreté) et les pieds de caoutchouc. Il est revêtu d'un costume blanc et il porte une casquette assortie. Ses pieds sont chaussés de chaussures cirées. Ses mains sont fidèlement reproduites et tiennent les chaînes du chariot qui se trouve derrière lui.

Lorsque ce géant se met en mouvement, il avance le pied droit et l'abaisse. Puis c'est au tour du pied gauche dans un mouvement un peu plus fluide que le premier. L'homme électrique commence alors à marcher dans une démarche oscillante tout en tirant sa charrette à l'intérieur de laquelle ont pris place deux passagers. Lorsqu'on l'interroge, l'homme électrique répond, en ouvrant et fermant la bouche de manière réaliste, qu'il peut ainsi marcher de New York à San Francisco.
Il est capable de marcher en avant, en arrière, de tourner à droite ou à gauche, et ce à une vitesse de 13 miles à l'heure. Il est aussi capable de rouler des yeux. Lorsque les spectateurs découvrent cet automate, ils n'en croient pas leurs yeux tant la ressemblance avec un homme vivant est frappante !

Il s'agit en fait d'un instrument publicitaire et l'homme électrique ne tire pas le chariot mais est poussé par ce dernier qui est équipé par un moteur électrique ou à essence dans les versions suivantes. Afin d'augmenter l'illusion que l'automate est vivant, son créateur l'a équipé d'un phonographe inséré dans sa poitrine qui lui permet de lire un cylindre judicieusement placé. Il peut ainsi chanter ou répondre à des questions prédéfinies. Lorsqu'il roule des yeux, c'est grâce à une horloge située dans sa tête. Son constructeur affirme même que son automate est capable de sauter et il en fait la démonstration en lui faisant franchir un morceau de bois posé au sol. En fait, il est mû par un levier situé à l'intérieur du chariot qui, lorsqu'il est enfoncé, permet de soulever l'automate.

Son créateur, Louis Philip Perew, est un inventeur, entrepreneur et créateur de spectacles canado-américain. Il est également connu pour avoir créé un manège à vapeur (carrousel) et diverses inventions impliquant un fonctionnement mécanique et dans certains cas, l'application de la force motrice électrique. Avant de créer son homme électrique, il crée un premier petit automate attaché à un chariot et dont les membres s'animent lorsque l'on pousse le chariot. Louis Perew a toujours soigneusement caché le mécanisme de son automate, mais en recherchant le brevet déposé en 1894, il est possible d’avoir accès aux plans de son invention.

Il ambitionne d'en produire de nombreux exemplaires et plusieurs riches hommes d'affaires lui font confiance et investissent dans son invention. Malheureusement, nous ne connaissons pas avec certitude le nombre d'exemplaires qui ont été produits, mais vraisemblablement, au regard des rares documents trouvés,  un seul semble avoir été réalisé. En 1914, on retrouve cet homme électrique comme attraction vedette d'un magasin de vêtements d'Indianapolis. En 1927, Louis Philip Perew produit une version jouet de son automate où, là encore, c'est la voiture qui propulse l'homme.

Le brevet du jouet
L’histoire oubliera malheureusement rapidement cette invention…