Après
avoir écrit quelques pièces de théâtre, c’est sa rencontre avec l’éditeur
Hetzel et l’édition en 1863 de son premier roman « Cinq semaines en
ballon » qui va apporter le succès à Jules Verne.
Jules
Verne est souvent considéré comme l’un des pères spirituels du mouvement
steampunk. Ses romans d’aventures et de science-fiction servent régulièrement
d’inspiration ou de point de départ aux créateurs steampunk actuels. Cela n’est
guère étonnant si l’on considère le fait qu’ils se déroulent dans la seconde
moitié du XIX° siècle, qu’ils décrivent des technologies de l’époque ou
balbutiantes et qu’ils les projettent dans l’avenir. Cela correspond à la
définition du courant Steampunk.
En
lisant la dizaine de roman de Jules Verne qui relèvent de la conjecture
scientifique (les autres romans étant plus des romans d’aventure) on s’aperçoit
qu’un nombre important de prédictions scientifiques que l’on y rencontre se
sont réalisées au cours du siècle suivant. Cela n’est pas uniquement dû à
l’imagination fertile de l’auteur mais aussi à ce que l’on appelle aujourd’hui
la veille scientifique. Jules Verne se tenait en effet au courant de toutes les
nouveautés scientifiques et technologiques et n’hésitait pas à échanger avec
les savants de son époque. Verne se targuait d’ailleurs de ne pas avoir recours
au merveilleux mais seulement d'extrapoler à partir de faits avérés.
Dans
le roman « Vingt mille lieues sous les mers » publié en 1869, Jules
Vernes nous décrit un sous-marin électrique qu’il nomme le Nautilus. La
nouveauté n’est pas le sous-marin. Rappelons qu’un sous-marin baptisé lui aussi
le Nautilus est réalisé en 1800 par M. Robert Fulton. Mais celui-ci est
propulsé par une voile lorsqu’il est en surface et par l’énergie humaine
lorsqu’il est en plongée à l’aide d’un pédalier. D’autres créations de
sous-marin à propulsion à air comprimé puis à vapeur suivront tout au long du
XIX° siècle. Mais les premiers sous-marins à propulsion électrique opérationnels
verront le jour en 1888, soit près de vingt ans plus tard comme par exemple le
gymnote, sous-marin français équipé de batteries au plomb.
La fusée permettant d’envoyer des hommes sur la lune
Dans
le roman « De la terre à la lune » publié en 1865, Jules Verne
raconte l’histoire des membres du Gun Club de Baltimore qui, désœuvrés suite à
la fin de la Guerre de Sécession, décident d’aller conquérir la Lune. Si la
méthode de lancement est très fantaisiste – un énorme canon posé sur une colline
donnant un « gros coup de feu » suffisant pour s’affranchir de la
gravité – d’autres aspects se
rapprochent des évènements qui se déroulèrent un siècle plus tard.
Tout
d’abord, le lieu même du tir. Jules Verne imagine que le meilleur site pour
procéder au tir est la Floride ! Cet emplacement n’est pas choisi au
hasard mais tient compte d’impératifs de la mécanique céleste qui imposent la
latitude la plus équatoriale possible. La NASA aboutira aux mêmes conclusions
et la fusée Apollo 11 décollera en 1969 de Cap Canaveral situé en Floride.
Ensuite
la capsule en forme de cône est similaire à la forme représentée par le module
lunaire. Le nombre de passagers est lui aussi identique : trois dans les
deux cas. Mais ce qui est peut-être encore plus surprenant est le matériau
décrit par Jules Verne pour son vaisseau. Il est en aluminium. Il s’agit d’un
matériau qui existe à l’époque de Jules Verne mais qui n’est qu’un produit de
laboratoire seulement connu de quelques initiés. Le savant qui, le premier,
isole l’aluminium est Henri-Etienne Sainte-Claire , un ami de Jules
Verne. Il lui décrira le matériau et les possibilités qu’il pourrait offrir
dans les applications qui requièrent de la légèreté comme l’aéronautique
naissante. Le roman de Jules Verne contient aussi des détails assez justes sur
l’effet de l’absence de gravité sur le corps humain. Enfin, la zone
d’alunissage imaginée par l’auteur ne sera pas non plus très éloignée de la
zone ou M. Neil Arsmtrong posera le premier pas sur notre satellite.
Dans
ce même roman, Jules Verne imagine qu’un
engin spatial puisse être propulsé par la lumière. Aujourd’hui les
scientifiques appellent cette technologie les voiles solaires.
L’hélicoptère
C’est
dans son roman « Robur le conquérant » paru en 1886 que l’on trouve
l’Albatros, une machine volante construite par Robur qui ne croit pas à
l’avenir des aérostats mais aux machines volantes.
Une nouvelle fois cette machine est mue par l’électricité qui actionne d’immenses hélices parallèles au sol à la manière des futurs hélicoptères. Léonard De Vinci avait bien imaginé en 1497 le principe de la vis aérienne qu’il faut prendre comme un concept scientifique (la force animale étant bien insuffisante pour mouvoir son engin), les premiers hélicoptères ne verront le jour qu’au début du XX° siècle.
Une nouvelle fois cette machine est mue par l’électricité qui actionne d’immenses hélices parallèles au sol à la manière des futurs hélicoptères. Léonard De Vinci avait bien imaginé en 1497 le principe de la vis aérienne qu’il faut prendre comme un concept scientifique (la force animale étant bien insuffisante pour mouvoir son engin), les premiers hélicoptères ne verront le jour qu’au début du XX° siècle.
L’hologramme
Dans
le livre « Le château des Carpates » publié en 1892, Jules Verne
invente l’hologramme ! Le roman narre la vie d’un baron qui ne cesse de
contempler la projection de la performance d’une cantatrice d’opéra décédée. Un
visiteur intrigué par les évènements mystérieux qui se passent au château
décide de l’explorer. Sur les lieux, il comprendra qu’il s’agit en fait d’une
projection ! Il faut aussi noter la
mention d’une décharge électrique qui foudroie les explorateurs, référence aux
travaux de Nikola Tesla et de Thomas Edison sur l’électricité. L’hologramme, quant à lui, ne sera réalisé
qu’en 1948 par le hongrois Denis Gabor.
Le monde d’aujourd’hui
Mais
le roman le plus visionnaire d’un futur lointain imaginé par Jules Verne est
sans nul doute « La journée d’un journaliste américain en 2889 ». Il
s’agit en fait d’une nouvelle parue en 1889 et que certains attribuent à son
fils Michel qui décrit de manière ironique et grinçante les dérives de la
presse et du journalisme. On y suit, le temps d’une journée, la vie de M.
Francis Bennet, magnat de la presse abject, propriétaire d’un empire médiatique
d’envergure mondiale.
Tout,
dans cette nouvelle, se révèle être toujours d’actualité au XXI° siècle. Que
ce soit les technologies ou les dérives sociologiques imaginées, tout sonne étrangement juste. Elle
nous décrit avec une acuité surprenante ce qu’est devenu le monde des médias
aujourd’hui même si l’auteur situe l’action en 2889 : choix des sujets en
fonction des annonceurs publicitaires, influence sur les décisions politiques,
divulgation de la vie privée, liens avec le milieu politique, etc.
Plus généralement
c’est le monde dans lequel nous vivons qui est brossé avec une
clairvoyance exceptionnelle : augmentation de l’espérance de vie,
régulation des naissances en Chine, guerre bactériologique, etc.
Cette
nouvelle offre aussi à Jules Verne la possibilité de décrire une multitude d’inventions
et de technologies devenues notre quotidien :
- Les préparations d’aliments aseptiques livrés à domicile,
- Le télescope de 3 km de diamètre (le radiotélescope ALAM comporte 66 antennes installé sur un haut plateau de près de 5 km de diamètre),
- Les tubes pneumatiques dans lesquels on transporte des voyageurs à une vitesse de 1500 km/h nous rappellent le projet de transport Hyperloop d’Elon Musk,
- Les appareils totalisateurs permettant d’effectuer des comptes mirifiques sont aujourd’hui nos calculatrices ou ordinateurs,
- La réduction de la matière à trois éléments simples est à rapprocher de la découverte des électrons, neutrons et protons,
- Le journal de M. Francis Bennet « Earth Herald » est diffusé en version papier ou par abonnement en version mondio-acoustique soit l’ancêtre du journal télévisé,
- Le téléphote qui permet non seulement d’émettre et de recevoir des appels mais aussi de montrer des images en mouvement sur des « miroirs sensibles connectés par des câbles » est quant à lui ce que l’on pourrait rapprocher de la visioconférence,
- Etc.
- Les préparations d’aliments aseptiques livrés à domicile,
- Le télescope de 3 km de diamètre (le radiotélescope ALAM comporte 66 antennes installé sur un haut plateau de près de 5 km de diamètre),
- Les tubes pneumatiques dans lesquels on transporte des voyageurs à une vitesse de 1500 km/h nous rappellent le projet de transport Hyperloop d’Elon Musk,
- Les appareils totalisateurs permettant d’effectuer des comptes mirifiques sont aujourd’hui nos calculatrices ou ordinateurs,
- La réduction de la matière à trois éléments simples est à rapprocher de la découverte des électrons, neutrons et protons,
- Le journal de M. Francis Bennet « Earth Herald » est diffusé en version papier ou par abonnement en version mondio-acoustique soit l’ancêtre du journal télévisé,
- Le téléphote qui permet non seulement d’émettre et de recevoir des appels mais aussi de montrer des images en mouvement sur des « miroirs sensibles connectés par des câbles » est quant à lui ce que l’on pourrait rapprocher de la visioconférence,
- Etc.
Le tunnel pneumatique imaginé par Jules Verne précurseur de l'Hyperloop d'Elon Musk |
Jules
Verne reste dans les esprits comme un grand conteur mais aussi un homme d’une
très grande curiosité scientifique. Il possédait une compréhension exacerbée du
siècle dans lequel il vivait et avait compris qu’une révolution technologique
et industrielle se profilait, ce dont peu de ses contemporains avaient
conscience. Son héritage est toujours vivant et il continue d’inspirer,
consciemment ou inconsciemment, de nombreux auteurs… et les amateurs de
Steampunk.
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