Lors de l’exposition
internationale d’électricité qui se tient du 15 août au 15 novembre 1881 à
Paris, les visiteurs peuvent découvrir de très nombreuses inventions comme la
voiture électrique de Gustave Trouvé, les ampoules électriques de Thomas
Edison, le tramway électrique de Werner von Siemens, le téléphone d’Alexandre
Graham Bell et une machine extraordinaire inventée par Clément Ader.
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Le palais de l'industrie où se tient l'exposition internationale d'électricité
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Ce dernier est alors connu pour avoir installé le premier
réseau de téléphone privé. Mais là, il s’agit d’un nouvel appareil permettant
d’écouter l’opéra en restant chez soi. Des microphones ont été placés à l’Opéra
de Paris et à la Comédie Française. Un micro à pavillon est fixé à droite de la
scène et un autre gauche. Les micros à pavillon sont reliés par un système
électrique complexe à des écouteurs téléphoniques installés dans deux salles de
l’exposition. Ce n’est pas exactement de la stéréophonie mais c'en est les
prémices. La retransmission n’est pas non plus toujours d’une grande qualité
sonore mais la presse se fait l’écho de cette attraction.
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Salle d'écoute à l'exposition internationale d'électricité
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Après avoir été exploité par le musée Grévin pendant
quelques années, l’appareil sera ensuite amélioré par Marinovitch et Szarvady, fondateurs
de la compagnie du Théâtrophone, et présenté à l’exposition universelle de
Paris de 1889 Il sera baptisé « Le Théâtrophone ». Le succès sera
immédiat. Des appareils sont alors installés dans de nombreux lieux publics
comme les hôtels et les cafés. Ils fonctionnent à pièces et une pièce d’un
franc de l’époque permet d’écouter 10 minutes de retransmission. Les
particuliers fortunés peuvent aussi se procurer cet appareil et s’abonner à ce
service.
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Un Théâtrophone à pièces
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De nombreux théâtres parisiens se voient alors équipés
des micros du Théâtrophone malgré une certaine réticence des exploitants qui
voit en cet appareil un nouveau concurrent. Guiseppe verdi obtiendra d’ailleurs
en 1899 l’interdiction de la transmission de ses œuvres par Théâtrophone sur la
base du droit d’auteur. Des réclames pour le Théâtrophone fleurissent sur les murs de Paris et dans les journaux.
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Réclame d'époque
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De la même manière que pour le téléphone, tous les micros
sont reliés à un central où des opératrices connectent les abonnés à la salle
de spectacle dont ils souhaitent suivre la retransmission. Les opératrices
annoncent ainsi les représentations en cours et les entractes.
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Opératrice du Théâtrophone chargée de mettre les abonnés en relation avec le théâtre
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Un des plus célèbres clients de cet appareil sera
Marcel Proust qui, ne pouvant se déplacer pour des raisons de santé, peut
suivre les opéras qu’il apprécie.
De nombreux pays comme la Belgique, le Portugal ou la
Suède se doteront de ce système. A la fin de la première guerre, les avancées
technologiques bénéficient au Théâtrophone dont la qualité sonore s’améliore
grandement grâce à l'utilisation d'amplificateurs à lampes et de diaphragmes,
plus performants et plus légers, en remplacement des pavillons.
Ce système assurera la fortune de son créateur, Clément
Ader, lui permettant d’assouvir sa passion de l’aviation naissante. Le
Théâtrophone sera cependant supplanté au début des années 30 par la TSF, mais
il s’agit là d’une autre histoire…
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