Alice GUY, première réalisatrice de l’histoire du cinéma restée injustement dans l'ombre.
Les frères Lumière inventent le cinématographe en 1895. Cette même année, Alice Guy devient la secrétaire de Léon Gaumont au comptoir général de photographie. A la suite de la première projection du cinématographe des frères Lumière, elle lui soumet l’idée de tourner de courtes fictions pour aider à la vente des caméras Gaumont.
Léon Gaumont accepte et elle tourne son premier film intitulé « La fée aux choux ». Il est tourné sur une terrasse de Belleville, avec en guise de décor un drap peint. Des menuisiers ont fabriqué des choux en bois d'où vont sortir des bébés que la Fée aux choux va exposer à la vente.
Premier film scénarisé : La fée aux choux |
A partir de ce moment, elle n’aura plus qu’une seule idée : raconter des histoires en tournant ses propres films. Elle n’en tournera pas moins de 300 en France de 1895 à 1907. Elle excellera dans la direction d’acteurs en leur demandant, une première pour l’époque, de jouer naturellement plutôt que de surjouer. Une des premières, elle adoptera la couleur, se passionnera pour les trucages et réalisera pour la première fois des longs métrages comme « La passion du Christ » qui dure 35 minutes !Au bout d'une douzaine d'années de bons et loyaux services à Paris et alors qu'elle paraissait indispensable, Gaumont l'envoie aux États-Unis. En 1907, elle part donc conquérir l'Amérique, laissant les Films Gaumont aux mains de son assistant Louis Feuillade. Elle se marie avec un employé de Gaumont : Hubert Blaché. Il sera Directeur d’Agence, opérateur voire réalisateur.
Avec son mari, elle sera la première femme à créer son propre studio : la Solax. Elle devient alors la toute première productrice de cinéma. D'autres vont l'imiter, mais c'est vraiment une pionnière. Elle continue d’innover en tournant, par exemple, le premier making-of ou en faisant tourner des personnes de couleur dans « A fool and his money » (1912), bien avant les Américains. Elle connait la gloire, le succès et elle gagne beaucoup d'argent.
Mais son mari la quitte pour une actrice et part pour Hollywood. C’est désormais là que le cinéma se fait. Alice Guy ne va pas pouvoir garder le studio et doit le revendre pour éponger les dettes de son mari. Elle décide alors de rentrer en France mais elle ne trouvera plus de travail dans le milieu du cinéma.
Elle mourra dans l'oubli à 94 ans en 1968, non sans avoir obtenu la légion d’honneur en 1955. Pourquoi l’a-t-on oubliée ?Peut-être parce que son œuvre a en partie disparu, comme pour la plupart de ses homologues masculins au temps du cinéma muet. Leurs films, alors très courts, ne sont pas encore considérés comme du septième art. Ils sont projetés dans des foires. C'est de l'amusement, de la distraction. Fragiles, ils vont progressivement s’abîmer à force de transports et disparaître.
L’autre raison est que c’est une femme dans un milieu typiquement masculin. Être une femme cinéaste est plus compliqué. Elle dit elle-même qu’il est compliqué de s'affirmer, et d'être la patronne d'un homme. A cette époque-là, les femmes n'ont pas le droit de vote et sont au service des hommes, quel que soit leur emploi.
Aujourd'hui, seuls une vingtaine de films d'Alice Guy ont été retrouvés sur les 700 films réalisés. Heureusement, elle écrit ses mémoires en 1953, mémoires qui ne seront publiées qu’en 1976, soit huit ans après sa disparition. On découvre alors son histoire.
Dans le XIVème arrondissement de Paris, sur le site de l'ancien hôpital Broussais, la plaque Place Alice Guy-Blaché signale : "première réalisatrice de film".
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