Les expositions universelles naissent en 1851 en Angleterre et sont, dès leur création, un enjeu politique pour le pays hôte et pour les pays qui y participent. Elles sont en effet un lieu de compétition et d’émulation entre les industries et les arts de chaque nation représentée. Elles incarnent aussi un idéal de progrès.
Les visiteurs sont émerveillés par les inventions qui y sont présentées. En cette fin de XIX° siècle, ils peuvent y découvrir le premier phonographe, la magie de l’électricité ou le cinématographe. Par la reconstitution de monuments ou villages de l’autre bout du monde (que l'on appellera bien plus tard à juste titre "les zoos humains"), les visiteurs peuvent entrevoir les différentes civilisations du globe.
L’exposition universelle de 1889 accueillera 32 millions de visiteurs à une époque où la France compte 39 millions d’habitants et où les moyens de transports internationaux sont encore balbutiants. Toujours à Paris, celle de 1900 accueillera près de 50 millions de visiteurs et 83 000 exposants. La dernière exposition universelle située sur le sol européen a accueilli en 2015 à Milan seulement 20 millions de visiteurs.
Force est de constater que l’émerveillement suscité par les expositions universelles à la fin du XIX° siècle et jusqu’à la première moitié du XX° siècle n’est plus.
Qui a donc tué les expositions universelles ?
Vue de l'exposition universelle de 1900 à Paris |
Qui a donc tué les expositions universelles ?
Les organisateurs des premières expositions universelles, mais aussi leurs visiteurs, ont foi dans la capacité du progrès technique à dépasser les conflits. Les expositions s’accompagnent d’ailleurs d’évènements culturels ou sportifs comme à Paris en 1900 où sont organisés les seconds Jeux Olympiques de l’ère moderne et le second Congrès International des Mathématiciens. Cette foi va s’amoindrir voire disparaître avec le déclenchement de la Première Guerre Mondiale qui démontre tristement que l’avancée du progrès n'est en aucun cas un facteur de paix.
Le public a pris conscience du fait que si le progrès a la capacité d’améliorer le monde, il a aussi une face sombre. Il a constaté que l’émulation entre les arts et les industries de chaque pays n’aboutissait pas obligatoirement à la paix.
L’apparition du tourisme de masse survenu après la Seconde Guerre Mondiale aboutit à ce que de plus en plus de Terriens voyagent et découvrent par eux-mêmes les pays lointains et leur population. La carte postale du village indigène reconstitué ex nihilo n’a plus beaucoup d’intérêt dans la mesure où l’on peut visiter l’original, même si l’impact environnemental et surtout sociétal est énorme.
Les nouveautés technologiques ont, elles aussi, plus de mal à faire rêver le public. La faute peut-être à l’omniprésence des moyens de communication et à la surcharge d’information à laquelle sont soumises la majorité des populations de la planète. Car même si l’innovation technologique progresse de jour en jour, elle n’offre plus de saut technologique majeur comme ont pu en connaître nos aînés. Nous envisageons de retourner sur la Lune ou de nous rendre sur Mars, mais nous sommes déjà allés sur la Lune et Mars ne représente que la planète suivante. L’informatique et la téléphonie continuent de progresser mais cela reste des ordinateurs et des téléphones. Seule la miniaturisation et la puissance distingue le nouveau modèle de l’ancien.
À l’image de la devise des Jeux Olympiques, nous allons plus vite, plus fort et plus haut, mais il n’y a plus les mêmes ruptures qu’ont pu vivre nos ancêtres avec l’invention de l’ampoule qui permettait d’avoir le jour en pleine nuit ou bien l’invention du cinéma qui permettait de reproduire le mouvement puis le son et de garder « vivants » les êtres chers décédés.
La dernière exposition universelle sur le continent européen à Milan en 2015 |
La médecine et la biologie continuent elles aussi de progresser et peuvent susciter encore de l’intérêt de la part du public. Mais étrangement, peut-être par leur éloignement du quotidien de chacun ou bien par le fait que l’on ne fait appel à elles qu’en cas de maladie, elles ne suscitent guère l’émerveillement.
Alors, l’Homme peut-il retrouver l’enchantement qu’il avait un siècle auparavant en visitant les expositions universelles ou bien est-il devenu un homo-sapiens blasé aux émotions définitivement émoussées ?
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