Ruth Belville, surnommée "The Greenwich time Lady", fut
sans doute la dernière « vendeuse d’heure » connue.
Au milieu du XIX° siècle, connaître l’heure exacte est en
effet important pour certains commerces comme les horlogers ou le transport
ferroviaire. Mais les moyens de communication et de synchronisation du temps
sont encore rudimentaires. Posséder une montre est aussi un luxe et les
horloges publiques de Londres ne sont pas réputées pour leur fiabilité. C’est
dans ce contexte qu’en 1836, John Henry Belville a l’idée de faire commerce de
l’heure exacte !
Après son père John Henry Belville, puis sa mère Maria
Elizabeth Belville, Ruth Belleville – The Greenwich Lady – reprend les
prestations de ses parents en se rendant chaque semaine à l’observatoire de
Greenwich car c’est le seul endroit de Londres où l’on peut avoir accès précisément au
temps universel. Elle y fait régler la montre familiale, affectueusement
dénommée « Arnold » du nom de l’horloger qui l’a fabriquée, par le
régulateur de l’observatoire. Munie de sa précieuse montre, elle rend ensuite
visite à pied à ses clients pour régler leur horloge ou leur montre. Les
abonnés à ce service – horlogers, banques et autres riches propriétaires d’une
montre ou d’une horloge - se comptent alors par centaines. Il faut dire qu’à
l’époque, il est chic d’être abonné à une vendeuse d’heure.
La mise en service de l’horloge parlante en Grande
Bretagne en 1936 donnera un premier coup d'arrêt aux activités de Ruth
Belville. Le second coup de grâce interviendra en 1940 avec les premiers
bombardement de Londres qui l’obligeront à arrêter son commerce, les
déplacements à pied devenant trop dangereux. L’entreprise familiale aura exercé
ses activités pendant plus d’un siècle ! Ruth Belville décèdera en 1943 à
l’âge de 87 ans et fera don de sa montre à la distinguée confrérie des
horlogers.
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Chronomètre de poche avec boîtier en or réalisé par John Arnold de Londres. |
L’histoire de Ruth Belville, peut sembler anecdotique mais elle révèle les enjeux
symboliques, économiques et sociaux propres à l’usage du temps à l’époque
capitaliste. Le temps est un des symboles de l’industrialisation en marche.
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