jeudi 5 juin 2025

The Greenwich time Lady

Ruth Belville, surnommée "The Greenwich time Lady", fut sans doute la dernière « vendeuse d’heure » connue.
Au milieu du XIX° siècle, connaître l’heure exacte est en effet important pour certains commerces comme les horlogers ou le transport ferroviaire. Mais les moyens de communication et de synchronisation du temps sont encore rudimentaires. Posséder une montre est aussi un luxe et les horloges publiques de Londres ne sont pas réputées pour leur fiabilité. C’est dans ce contexte qu’en 1836, John Henry Belville a l’idée de faire commerce de l’heure exacte !

Après son père John Henry Belville, puis sa mère Maria Elizabeth Belville, Ruth Belleville – The Greenwich Lady – reprend les prestations de ses parents en se rendant chaque semaine à l’observatoire de Greenwich car c’est le seul endroit de Londres où l’on peut avoir accès précisément au temps universel. Elle y fait régler la montre familiale, affectueusement dénommée « Arnold » du nom de l’horloger qui l’a fabriquée, par le régulateur de l’observatoire. Munie de sa précieuse montre, elle rend ensuite visite à pied à ses clients pour régler leur horloge ou leur montre. Les abonnés à ce service – horlogers, banques et autres riches propriétaires d’une montre ou d’une horloge - se comptent alors par centaines. Il faut dire qu’à l’époque, il est chic d’être abonné à une vendeuse d’heure.
Chronomètre de poche avec boîtier en or réalisé par John Arnold de Londres. 
La mise en service de l’horloge parlante en Grande Bretagne en 1936 donnera un premier coup d'arrêt aux activités de Ruth Belville. Le second coup de grâce interviendra en 1940 avec les premiers bombardement de Londres qui l’obligeront à arrêter son commerce, les déplacements à pied devenant trop dangereux. L’entreprise familiale aura exercé ses activités pendant plus d’un siècle ! Ruth Belville décèdera en 1943 à l’âge de 87 ans et fera don de sa montre à la distinguée confrérie des horlogers.

L’histoire de Ruth Belville, peut sembler anecdotiquemais elle révèle les enjeux symboliques, économiques et sociaux propres à l’usage du temps à l’époque capitaliste. Le temps est un des symboles de l’industrialisation en marche.

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