vendredi 21 février 2020

Qu'est-ce que le Steampunk ?

Le Steampunk est un mouvement culturel qui se base sur la société de l’Angleterre victorienne (de la seconde moitié du XIX° siècle jusqu’à la première guerre mondiale) en plein cœur de la révolution industrielle et de la fin des grands empires. C’est un style visuel (costume, décoration) mais aussi un genre littéraire puisque de nombreux ouvrages décrivent un univers Steampunk.

Cet univers prend place dans un monde dominé par la vapeur (steam en anglais). Certaines œuvres Steampunk décrivent un monde doté de technologies avancées (machines pour se téléporter, voyager dans le temps…) mais fonctionnant à la vapeur. Ainsi, il s’agit d’imaginer ce que serait devenu le monde si le moteur à explosion n’avait jamais été inventé et si l’on avait continué à utiliser la vapeur comme principale source d’énergie. Car le Steampunk ne cherche pas à inventer de nouvelles technologies mais à pousser à leur paroxysme les technologies existant à la fin du XIX° siècle. Il s’agit d’inventer un futur tel qu’il était pensé au moment de l’invention de la machine à vapeur. En ce sens, le mouvement Steampunk est une uchronie, mot inventé au XIX° siècle par Charles Renouvier pour désigner une réécriture de l’histoire à partir d’un passé différent. Le Steampunk ne cherche pas une vérité historique mais c'est l’imaginaire fantasmé de cette époque qui est recherché.
La science est souvent au centre des œuvres Steampunk puisque la fin du XIX° siècle est une époque de grandes découvertes scientifiques. Les grandes expositions universelles de cette fin de siècle vont permettre au grand public de s’émerveiller devant les inventions du début de l’électricité, à une époque où l’on pensait que la technologie allait sauver l’humanité. Cette croyance sera durement ébranlée par la première guerre mondiale.
Exposition universelle de 1900 à Paris
Les codes vestimentaires traditionnels de l’univers Steampunk sont, pour les hommes, les hauts-de-forme, les goggles (en anglais, des lunettes de protection) et les montres à gousset alors que pour les femmes ce sont les corsets, les robes à crinoline ou à tournure. Les moyens de transport sont la voiture hippomobile, le train à vapeur, qui fut l’un des symboles de la révolution industrielle, ou bien encore le dirigeable qui est également un élément récurant et un emblème du Steampunk. Si l’histoire se déroule dans un futur alternatif, on pourra y croiser des véhicules plus originaux comme des vaisseaux spatiaux mais fonctionnant toujours à la vapeur. Le matériau emblématique du Steampunk est le cuivre, qui se retrouve dans toutes les machines, aux côtés des rouages, des bielles, des cadrans et de tout un bestiaire mécanique. Derrière elles, on sent encore l’homme ou l’artisan qui les a créées et on peut encore les réparer. L’homme possède encore le contrôle de la machine. La machine steampunk est à « hauteur » d’homme et peut être détruite. Il y a un rapport « charnel » à la machine.
La présence de la science dans le mouvement Steampunk est représentée par les deux inventeurs rivaux Nikola Tesla et Thomas Edison qui se livrèrent une bataille pour imposer leur forme d’électricité (courant alternatif pour Tesla et courant continu pour Edison) mais aussi en France par Gustave Eiffel.
Tesla vs Edison
En parlant de figure iconique du Steampunk, on ne peut s’empêcher de penser à Jules Verne même si celui-ci n’est pas à proprement parler Steampunk, puisque lorsqu’il écrit, il décrit un univers futur. L’écrivain français visionnaire écrivit des romans traitant de science et d’inventions révolutionnaires mues par la vapeur. Le Nautilus est ainsi souvent présent dans les histoires Steampunk. Le courant Steampunk s’inspire également des œuvres de H. G. Wells.
L'intérieur du Nautilus - Jules Verne
Ceci nous amène à l’un des symboles les plus connus du mouvement Steampunk : la pieuvre ! Cela peut certes s’expliquer par la présence du calamar géant dans les aventures du capitaine Nemo mais on remarquera que le chemin de fer était associé à cet animal en raison de son réseau tentaculaire. On peut également rapprocher la pieuvre de Cthulhu, la créature monstrueuse imaginée par H. P. Lovecraft bien que le genre de l’horreur cosmique des écrits de Lovecraft ne soit pas à proprement parler du Steampunk.
Le capitaine Némo face à la pieuvre
Le Steampunk descend du cinéma expressionniste allemand avec des films comme Métropolis mais aussi les films de Melies. Des films récents - comme La Cité des enfants perdus, Le Prestige (un des rares films mettant en scène Nikola Tesla), La Ligue des gentlemen extraordinaires, Hugo Cabret ou encore Wild Wild West, inspiré de la série télévisée du même nom – peuvent reprendre les codes du mouvement Steampunk.
Maria le robot du film Metropolis - Fritz Lang
Le Steampunk ne joue pas sur la nostalgie de l’époque victorienne avec les prémices de la pollution industrielle, du travail des enfants, de l’aliénation par la machine, etc. Ce qu’il cherche à saisir, c’est l’instant d’une utopie naïve où le rationalisme lui offrirait un monde meilleur. Il réinjecte de l’humain dans la machine. Les vaporistes (amateurs du courant Steampunk) portent en eux les restes d’une élégance du siècle passé mélangée à des machines artisanales faites de bois verni, de cuir et de laiton.

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