Si le XIX° siècle est synonyme de révolution industrielle, il est aussi, et c’est un peu moins connu, synonyme de révolution en matière d’hygiène publique et personnelle.
Au cours des siècles qui précèdent le XIX°, l’hygiène n’est pas une priorité. Les rues des villes sont jonchées de déchets et les rats pullulent. L’eau est, pense-t-on, vecteur de maladie et on lui préfère une toilette « sèche », parfum et maquillage étant là pour masquer les odeurs.
Le XIX° siècle va voir la démocratisation de la salle de bain et de l’hygiène personnelle, aidée en cela par les progrès technologiques qui permettent d’apporter eau courante et gaz dans les maisons. Le développement des réseaux d’eau dans les grandes villes et en parallèle celui du réseau d’assainissement à la fin du XIX° siècle vont faire de l’eau un bien de consommation courante et un facteur de progrès avec une répercussion directe sur l’hygiène corporelle.
Un fossé va alors se creuser entre l’habitat des villes, doté de l’eau, de l’assainissement et du gaz qui autorise la lumière et le chauffage, et l’habitat rural. Toutefois, la salle de bain restera pendant encore longtemps l’apanage des classes aisées. Les moins aisées se lavent avec une bassine installée dans la cuisine pour profiter d'un peu de chaleur. C’est la bourgeoisie montante qui influence cette nouvelle tendance. C’est aussi à cette époque que nous constatons une transition vers une hygiène individuelle dans un lieu clos. Jusqu’alors, les étuves étaient collectives et Louis XIV faisait ses besoins devant ses courtisans.
La baignoire du XIX° siècle est mobile. On l’installe dans la chambre, souvent près de la cheminée, et la femme de ménage ou les porteurs d’eau la remplissent d’eau chaude, s’éclipsent, puis la vident dans la cour après le bain. Elle ne dispose pas encore de robinets et d’une évacuation.
La révolution industrielle qui autorise désormais la fabrication de savon en très grande quantité grâce à la mise au point de nouveaux procédés de fabrication, va aussi porter cette évolution. C’est la naissance des premières grandes campagnes d’affichage pour le savon.
Les travaux de Louis Pasteur qui démontrent l’existence des microbes proliférant sur un terrain non hygiénique vont aussi favoriser la propreté qui permettrait d’éradiquer certaines maladies. Il met aussi en lumière la nécessité de traiter l’eau avant de la distribuer à la population afin de la rendre potable. Les médecins appuient ce discours hygiéniste auprès de la population.
À la fin du XIX° siècle, la révolution sanitaire est en marche. Les deux dernières épidémies de choléra datent de la première moitié du XIX° siècle et elles deviennent de plus en plus rares. Les mesures d’asepsie se généralisent. La durée de vie augmente tandis que la mortalité infantile est en baisse.
En 1883, Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique et promoteur de l’école publique gratuite et obligatoire, supprime la leçon de catéchisme pour lui substituer celle d’hygiène corporelle, qui intègre ainsi très officiellement les programmes scolaires.
Le XIX° siècle remet donc l’eau au centre de l’hygiène, elle qui avait été bannie par l’Église qui voyait en elle un vecteur de maladie en dilatant les pores de la peau, mais aussi de luxure et de plaisir au travers des étuves. Les établissements de « bain douches » se multiplient partout en France à l’initiative des municipalités mais aussi d’entreprises paternalistes soucieuses de mettre à disposition de leurs ouvriers des lieux dédiés à la propreté. Il faut dire qu’en 1850, les français ne prennent en moyenne un bain que tous les deux ans !
À la fin du XIXe siècle, l’hygiène est rentrée dans les mœurs puisque lors de l’exposition universelle de Paris en 1889, elle aura même son propre palais sur l’esplanade des invalides.
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