En 1846, une attraction du célèbre cirque Barnum en tournée
en Europe fait courir le public londonien. Il s’agit de l’étrange tête parlante
de Joseph Faber.
Sur la scène, un automate est perché sur une table et s’adresse
au public : «Veuillez excuser ma lente prononciation, bonjour mesdames et
messieurs. Il fait chaud. Le temps est pluvieux.» Après ces salutations, la
foule peut demander à la tête parlante de répéter ce qu'elle souhaite. La tête est
capable de tenir une conversation dans n’importe quelle langue européenne et de
prononcer n’importe quel mot même les plus compliqués.
Contrairement à certaines attractions foraines, il n’y a
aucun trucage dans la machine de Jospeh Faber, juste une technologie complexe
mise en œuvre pour la première fois au monde. L’ingénieur viennois a construit une série
de mécanismes imitant les poumons, le larynx et la langue humaine.
Ce mécanisme est activé par un clavier de 16 touches créant
les phonèmes de base et une dix-septième pour la glotte, ainsi que par des
pédales. Un grand soufflet à deux compartiments envoie de l’air dans une anche.
Six plaques de métal de formes diverses coulissent, s’abaissent ou se lèvent
pour créer un courant d’air finement nuancé. L’air atteint ensuite la cavité
buccale de l’automate inspirée de la cavité buccale humaine. Il arrive ainsi à
reproduire les consonnes et les voyelles.
Après 17 ans de recherches, la première machine fabriquée,
baptisée Euphonia, fut présentée par Joseph Faber en Autriche en 1840 au Roi de
Bavière puis en Allemagne. Ne rencontrant pas le succès escompté, Joseph Faber
la présente aux Etats-Unis en 1844 mais le succès n’est toujours pas au rendez-vous.
Il décide alors de la détruire. Il la reconstruit en 1845 et c’est sa rencontre
avec Barnum qui lui assurera le succès.
Le physicien Joseph Henry, pionnier de l’électromagnétisme, qui
s’intéressa à la machine dès 1945 y voyait un grand intérêt. Il imaginait que
couplé à un télégraphe morse elle serait capable de prononcer à haute voix le
message morse.
Cette machine suscita aussi l’intérêt de Melville Bell, le
père de Graham Bell, qui quelques années plus tard, incitera son fils à créer
une machine parlante ce qu’il fit avec succès. Ce sont ces travaux qui l’amèneront
à s’intéresser à la modulation du courant électrique et à la création du premier
téléphone.
Joseph Faber décèdera en 1866 sans que sa machine ne dépasse
le stade d’une curiosité. Après sa mort, la machine sera encore exploitée
quelques années par sa nièce qui en avait hérité. Aujourd'hui, Joseph Faber est considéré comme le pionnier de la synthèse vocale.
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