jeudi 8 juin 2023

Carnet d'expédition (seconde partie)

Voilà plus d’un siècle que le professeur Brétavia, célèbre explorateur, a disparu sans qu’aucune explication n’ait pu être apportée sur les raisons de cette disparition. Les derniers éléments connus le situaient en Afrique à la fin du XIX° siècle.
 
Après la découverte de sa mallette, la récente découverte de son carnet d’expédition apporte autant de réponses qu’elle soulève de questions.
Extraits du journal de professeur Brétavia (suite)
 
44ème jour : La nuit a été peuplée de cris d’animaux divers, et lorsque nous sortons de la tente, nous découvrons d’étranges traces de pas sur le sable humide situé à proximité de notre campement. L’une d’entre elle m’intrigue. Je consulte mon petit guide de zoologie tropicale mais n’en trouve pas l’origine. Peut-être s’agit-il d’une nouvelle espèce inconnue ? Ma curiosité me fait suivre ces traces. Elles m’emmènent assez rapidement vers un œuf de la taille d’un œuf d’autruche. Non loin de celui-ci, un bruissement dans les feuilles. Je les écarte et découvre un reptile au reflets bleutés. Il semble aussi surpris que moi. Malgré ses imposantes griffes aux pattes et un museau carnassier, j’enfile un gant de cuir et au-delà de toute prudence tente de l’attraper.
 
Il ne s’enfuit pas et renifle mon gant. Nous nous regardons ainsi de longues minutes. Dans un geste osé, je l’attrape délicatement sous le ventre et le pose sur mon gant. Il doit peser environ 5 kilogrammes. Je décide de le ramener au campement pour l’examiner et en tirer un cliché.
 
À sa vue, mon compagnon s'exclame que je suis fou, que je vais nous attirer les foudres des dieux et qu’il ne peut rester plus longtemps avec moi… J’essaie de le convaincre de la mission scientifique qui m’anime mais en vain. Il décide de rebrousser chemin en empruntant la rivière. À l’aide de branches qu’il attache entre elles, il se constitue un radeau de fortune, collecte quelques baies dont il remplit un sac de toile que je lui donne et me quitte en début d’après-midi, en laissant son embarcation portée par le courant. Avant son départ, je lui demande de prendre un cliché avec mon nouveau compagnon. Je reste seul au campement.
45ème jour : Je suis à la fois terrorisé d’être seul dans cette jungle mais heureux de pouvoir poursuivre mes observations. À l’aide de ma petite mallette scientifique et de mon appareil photo, je continue mes recherches et observations. Mon gros lézard bleu ne m’a pas quitté depuis la veille. La journée, il part chasser mais revient le soir.
 
46ème jour : Avant de partir, mon compagnon d’aventure m’a montré quelques arbres dont les fruits sont comestibles. Je m’en nourrit quotidiennement. Souhaitant agrémenter ce régime frugivore de quelques plats plus carnés, je me fabrique à l’aide d’une sorte de bambou une canne à pêche et tente de ma chance dans la rivière. Les résultats sont décevants. Je réessaierai demain.
 
49ème jour : Hier soir, mon gros lézard bleu n’est pas revenu. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé. À la manière d’un animal de compagnie, je commence à m’attacher à lui. Aujourd’hui, l’ambiance du cirque a changé. Il y a moins de cris d’animaux et à plusieurs reprises, il m’a semblé sentir la terre trembler. Mais peut-être est-ce mon état psychologique qui se détériore. Si mon compagnon bleu ne revient pas, il faut que je me décide à rebrousser chemin et à revenir sur mes pas en confectionnant à mon tour un radeau de fortune.

Ce sont les dernière notes du professeur Brétavia.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire